Someone wrote in [personal profile] tipitina 2011-08-05 04:10 pm (UTC)

Raté. Deuxième chance.

Marguerite s'était accoudée à la rambarde de sa fenêtre pour écouter le pianiste du troisième, comme tous les soirs. Elle ne l'avait jamais rencontré mais elle l'aimait tendrement pour ses mélodies. Ce n'était pas un virtuose et il pouvait parfois être pénible à force de répétition mais il faisait partie de son petit rituel du soir : rentrer, pleurer, écouter le pianiste du troisième. La vie était amère, la musique douce à ses oreilles. Marguerite s'imaginait être l'instrument que le pianiste caressait et elle frémissait pendant quelques minutes, en silence, sans que personne ne devine ses coupables pensées. Elle pensait que c'était un homme d'un certain âge, qu'il connaissait bien la vie et ses déboires, qu'il avait un peu d’embonpoint mais ce n'était pas grave. Dans ses rêveries, il était doux et gentil, parfois un peu caustique et meurtri par son divorce, ses gosses qui ne répondaient pas à ses coups de téléphone, son boulot qui ne lui convenait pas. Il s'échappait de ce monde étroit en jouant du piano, emportant avec lui qui voulait bien l'écouter.
La pluie se mit à tomber, le piano s'arrêta. Poussée par la curiosité, Marguerite regarda par la fenêtre et croisa le regard du pianiste, pas plus âgé qu'elle, aux longs cheveux blonds et aux traits fins. Le pianiste était une femme.

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